< Rencontres
Comment organiser un repas chez soi sans risque pour les convives ?
Texte mis à jour le 2020-10-05
On peut préparer et servir un repas, le partager, sans que les convives ne se contaminent. Des repas en famille ou au restaurant ont été une source démontrée de contaminations : il est donc nécessaire de prendre des précautions. L’essentiel est de cuisiner et de servir avec un masque et des mains désinfectées, puis que les convives restent à bonne distance les uns des autres. Enfin, il est préférable de prévoir le repas dehors. Si c’est impossible, il faut aérer en ouvrant les fenêtres.
Préparation du repas
C’est simple de préparer des aliments indemnes de coronavirus. Les précautions à prendre sont les mêmes que dans une cuisine collective (restaurant, cantine, …) : bien se laver les mains, mettre un masque en faisant la cuisine et avant de mettre les plats sur la table (voir Note).
- La cuisson des aliments détruit le coronavirus. Pour éviter de contaminer le plat préparé, le laisser dans sa casserole et le couvrir.
- Bien laver les aliments consommés crus (salades, crudités, fruits) : un lavage soigneux à l’eau courante suivi d’un rinçage est un conseil d’hygiène général, valable même hors pandémie. Servir dans un plat recouvert d’une serviette (papier ou tissu).
- Le pain sort du four du boulanger, quasiment stérile. Il est vendu dans un sac en papier, sur lequel le virus ne survit pas longtemps.
- Les fromages emballés sont a priori indemnes de coronavirus, surtout si on les garde en dehors du frigidaire.
- L’eau du robinet et les boissons en bouteille sont a priori indemnes de coronavirus.
Pendant le repas
Il n’est pas si facile d’éviter la contamination entre convives en se parlant, en se passant les plats, et en respirant si l’on est à l’intérieur. Le risque sera d’autant plus grand que l’on est nombreux, que le repas dure longtemps, que le virus circule dans la région, et que certains convives sont fragiles. Examinons quelques moyens d’éviter la contamination entre convives, à adapter en fonction du risque.
- Puisque les convives n’ont pas de masque, l’air de la pièce va se charger d’un aérosol potentiellement contaminant. Il est donc préférable de prévoir le repas dehors, dans un jardin ou une cour. Si c’est impossible, il est important d’aérer en ouvrant largement les fenêtres. S’il fait froid, prévoir un vêtement chaud.
- Pour se passer les plats et se servir, comment éviter de toucher plats et couverts, et de postillonner dessus ? On peut fractionner chaque plat en plusieurs petits plats, chacun pour deux ou trois convives. On peut ne saisir plats et couverts qu’avec une serviette en papier propre, et se servir sans parler. On peut confier le service à “un serveur masqué”, aux mains bien lavées. Tout en sachant que c’est plus les mains qui risquent de nous contaminer que les aliments.
- Pour se parler, manger et boire sans trop de retenue, il est préférable que les convives des différents foyers soient écartés de deux mètres environ. Si ce n’est pas possible, envisager le port de visières transparentes qui bloque les gouttelettes mais permet de se voir et parler, et de manger sans trop de gène.
- Enfin, les précautions indépendantes du repas sont à prendre aussi : pas d’embrassade, pas d’échange d’objet.
- Toilettes : laissez les fenêtres ouvertes de manière à aérer entre chaque passage. Si ce n’est pas possible, recommandez à tous de mettre un masque aux toilettes. Voir la question Le coronavirus SARS-CoV-2 peut-il s’attraper en allant aux toilettes ?
Note
- L’usage de gants jetables est moins sûr que le lavage des mains à l’eau et au savon.
- Début octobre 2020, nous n’avons trouvé AUCUN article scientifique décrivant un cas de contamination de Covid-19 par un aliment, et même aucun “preprint” (projet d’article soumis pour évaluation, mais non encore validé). Nous savons bien qu’ “absence de preuve n’est pas preuve d’absence”. Cependant, ce coronavirus et sa transmission sont étudiés par des milliers de médecins et de scientifiques du monde entier. Puisqu’aucune publication ne montre de transmission par l’aliment, c’est que cette voie de contamination est rare ou inexistante. Nous avons donc modifié notre réponse à cette question (rédigée avant l’été 2020) pour tenir compte de ce fait. Cependant, les repas sont souvent contaminants par d’autres vecteurs que l’aliment (postillons, aérosol, contacts).
Sources
Le SARS-CoV-2 est inactivé en 5 minutes à 70°C, mais il résiste bien à 4°C.
Chin, A. W., Chu, J. T., Perera, M. R., Hui, K. P., Yen, H. L., Chan, M. C., ... & Poon, L. L. (2020). Stability of SARS-CoV-2 in different environmental conditions. The Lancet Microbe, 1(1), e10.Dans un restaurant, une personne atteinte de la COVID-19 et pré-symptomatique a contaminé au moins deux autres personnes situées à plus de 2 mètres, qui mangeaient à deux tables voisines. Notez que l’espace était clos et que la ventilation a dû contribuer à la dissémination des particules virales.
Lu, J., Gu, J., Li, K., Xu, C., Su, W., Lai, Z., ... & Yang, Z. (2020). COVID-19 Outbreak Associated with Air Conditioning in Restaurant, Guangzhou, China, 2020. Emerging Infectious Diseases, 26(7).Plusieurs cas de COVID-19 en janvier-février 2020 en Corée du Sud sont dus à des contaminations suite à un repas en famille ou au restaurant/café.
Kong, I., Park, Y., Woo, Y., Lee, J., Cha, J., Choi, J., ... & Kim, T. (2020). Early epidemiological and clinical characteristics of 28 cases of coronavirus disease in South Korea. Osong Public Health Res Perspect, 11(1), 8-14.Plusieurs personnes de la même famille ont été contaminées suite à deux dîners de réunion de famille.
Ye, F., Xu, S., Rong, Z., Xu, R., Liu, X., Deng, P., ... & Xu, X. (2020). Delivery of infection from asymptomatic carriers of COVID-19 in a familial cluster. International Journal of Infectious Diseases.Plusieurs cas de contamination à des repas en famille en Chine.
Liu, Y., Eggo, R. M., & Kucharski, A. J. (2020). Secondary attack rate and superspreading events for SARS-CoV-2. The Lancet, 395(10227), e47.